Tour de France 1910
Le Tour découvre les Pyrénées

En de début d’année 1910, Alphonse Steines, collaborateur du journal l’Auto, propose a Henri Desgrange, une incroyable nouveauté pour redonner de l’intérêt au tour ! Le ballon d’Alsace ne suffit plus, il veut envoyer le peloton à l’assaut des Pyrénées. « Steines, vous devenez fou ! » s’exclame Desgrange. Néanmoins l’idée est adopté, le projet finalisé, le parcours tracé…
Quelques jours plus tard, Steines est en reconnaissance dans les Pyrénées. En Béarn, Il promet au responsable des Ponts et chaussées de Pau, une aide financière pour la remise en état de la route du col d’Aubisque.

En mai, Desgrange dévoile le parcours aux coureurs du Tour. Quelques coureurs partent faire une reconnaissance des lieux et reviennent effarés: « jamais on ne pourra monter la haut ! »

Le 24 juin 1910, soit 9 jours avant le départ, Steines est envoyé par Desgrange dans les Pyrénées pour contrôler l’état des routes. Le 28 juin, au départ de Sainte Marie de Campan, il entreprend en automobile une reconnaissance vers le col du Tourmalet. A la tombée de la nuit, à quatre kilomètres du sommet, il est prit par une tempête de neige. Devant le refus du chauffeur de continuer, Steines décide de continuer seul et à pied. Il franchit péniblement le Tourmalet, et arrive enfin vers trois heures du matin à Baréges. Le lendemain il envoie un télégramme à son patron: « Passé Tourmalet. Très bonne route. Parfaitement praticable. Steines »

Devant la difficulté du parcours, beaucoup de coureurs renoncent, et seulement 110 coureurs se présentent au départ du Tour 1910 alors qu’ils étaient 150 l’année précédente.

Le 19 juillet 1910, les coureurs abordent pour la première fois les cols pyrénéens. Au cours de l’étape Perpignan-Luchon (289 km), ils franchissent le col de Port, le Portet d’Aspet et le col des Ares. Seulement quatre coureurs abandonnent.

Octave Lapize gagne cette première étape Pyrénéenne.


Le 21 juillet, l’étape Luchon-Bayonne (325 km) fait entrer les Pyrénées dans la légende du Tour.
Le départ est donné à 3 h 30 pour franchir les aujourd’hui célèbres: Peyresourde, Aspin, Tourmalet et Aubisque. Faber possède 15 points d’avance sur Octave Lapize, réputé le meilleur grimpeur du peloton (à cette époque, le Tour se court en effet aux points et non au temps).

Octave LapizeDès les premières pentes, Lapize s’échappe et passe en tête Peyresourde et Aspin. Garrigou, quatrième au général, le rejoint dans le Tourmalet. La pente est tellement rude que que Lapize est contraint de mettre pied à terre et d’alterner course à pied et séances de pédalage. Garrigou parvient à achever toute la montée sur son vélo. Il reçoit pour cet exploit (seul coureur ayant escaladé le Tourmalet sans mettre pied à terre) une prime spéciale de 100 Francs. Malgré tout Lapize parvient à basculer dans la descente le premier.

L’étape semble promise à l’un des deux hommes, quand un inconnu, sans équipe, François Lafourcade, (de Bayonne) rejoint et dépasse Lapize et Garrigou dans l’Aubisque. Lapize termine à pied, plus d’un quart d’heure après Lafourcade. Au sommet il jure après les organisateurs : « Vous êtes des assassins. Oui, des assassins ! « . Garrigou est quant à lui loin derrière.
A Eaux-Bonnes, Lapize toujours furieux, continue de jurer, menaçant même d’abandonner. Il pointe alors à 16 minutes de Lafourcade.
Lapize revient sur lui en compagnie de l’Italien Albini. Faber est loin derrière et crève pour la cinquième fois à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée.

À Bayonne, après 14 heures d’efforts, Lapize remporte le sprint devant Albini. Faber arrive un quart d’heure plus tard devant Trousselier et Lafourcade. Garrigou, huitième, pointe à près d’une heure des deux premiers. Les derniers coureurs arrivent à Bayonne dans la nuit noire: ils ne sont que 46 à franchir la ligne d’arrivée. Seuls les dix premiers coureurs ne sont pas hors délai, mais la direction de course décide de ne disqualifier aucun concurrent, même ceux qui ont rejoint la ligne d’arrivée en voiture. Lapize confirmera encore sur la ligne d’arrivée que « Desgranges est bien un assassin ! «  Le dernier de cette étape, Georges Cauvry, arrive 22 heures après le départ de Luchon.

Octave LAPIZE, remportera à Paris ce huitième Tour de France devant le Luxembourgeois François Faber et le Français Gustave Garrigou.