Jean et Pierre Ravier

Jean et Pierre Ravier: les fréres jumeaux du pyrénéisme
Jean et Pierre Ravier

Depuis plus de cinquante ans le nom de Ravier brille intensément au firmament pyrénéiste, et si aujourd’hui la deuxième génération a pris avec talent le relais, les fondateurs de la  » dynastie « , Jean et Pierre, qui ont fait accomplir au pyrénéisme de difficulté des progrès considérables, restent toujours présents dans la course.

Nés en 1933 à Paris, mais de souche pyrénéenne par leur mère, les jumeaux Jean et Pierre Ravier sont attirés très jeunes par la montagne et, après de brèves « classes » sur les voies normales de quelques grands sommets, ils se lancent rapidement dans les courses difficiles.

Dès 1951, à l’âge de dix huit ans, ils gravissent la face Nord du Petit pic d’Ossau et le couloir de Gaube au Vignemale. L’année suivante les voit déjà voler de leurs propres ailes en s’attaquant à des parois restées jusqu’alors vierges: muraille de Barroude sur laquelle ils ouvriront plusieurs itinéraires difficiles, face Sud du pic d’Estos…

Dès lors, au fil des saisons, les grandes entreprises vont se succéder et les succès s’accumuler:

– En 1953 la face Sud Est de la Pointe Jean Santé à l’Ossau et la face Ouest du Quayrat
– En 1954 la face Nord du Piton Carré au Vignemale et celle de la grande aiguille d’Ansabère
– En 1955 la face Sud Ouest du Grand pic d’Ossau et l ‘éperon Est de la Pointe Jean Santé
– En 1956 l’éperon Nord du Petit pic d’Ossau et la face Nord de la Tour du Marboré
– En 1957 la traversée hivernale des trois arêtes du Balaïtous et la face Sud du Tozal del Mallo
– En 1961 hivernales de l’Aiguille des Glaciers au Vignemale et de la traversée des quatre pointes à l’Ossau
– En 1964 le dièdre jaune au Grand Vignemale et la face Nord du Cylindre du Marboré
– En 1965 le pilier de l’Embarradère à l’Ossau et le couloir de l’Y au Vignemale
– En 1966 la face Sud de la Dent d’Orlu
– En 1968 le pilier Nord de l’Arbizon
– En 1969 les faces Nord de la Forcanada et de la Pène Blanque de Troumouse

Quelques uns des plus entreprenants pyrénéistes du moment furent souvent à leurs côtés lors de la réalisation de ces courses; de tous P. Bouchet fut, vingt ans durant, leur compagnon le plus assidu.

Revendiquant leur spécificité de « pyrénéistes à part entière », on ne leur connaît que de rares infidélités à leur montagne pyrénéenne; la plus notable fut la participation de Jean à l’expédition de Lionel Terray au Jannu.

Ce palmarès ne représente cependant que la partie la plus prestigieuse de l’activité des deux frères qui ont, au fil des années, accumulé une impressionnante série de voies nouvelles ou de parcours originaux :
– Pilier de Barrosa au Robiñera en 1980
– Arêtes de la Sierra Tendeñera en 1982
– Traversée intégrale de la chaîne des Parets de Pineta en 1985
– Pilier Sud de l’Ardiden en 1986
– Directe Est à la Pique d’Estats en 1988
– Face Ouest du Mont Perdu en 1989
– Éperon Sud Est du Soum de Ramond en 1992 …

Chefs de file du « pyrénéisme d’avant garde » comme l’on disait à l’époque, leur inlassable activité – ainsi que leur vaste culture pyrénéenne et leur grande gentillesse – leur valut de présider, de 1965 à 1970, aux destinées du Groupe Pyrénéiste de Haute Montagne auquel ils donnèrent, ainsi qu’à sa revue Altitude, une notoriété jamais atteinte jusque là.

Aujourd’hui les frères Ravier parcourent toujours passionnément les crêtes pyrénéennes mais leur peu de goût pour la foule et la pose leur fait rechercher les massifs ou les secteurs peu fréquentés, au sein desquels leur insatiable curiosité jointe à leur grande érudition leur permet de découvrir encore, dans ce « vieux pays, des courses nouvelles ».

Merci à Gérard Raynaud, pour son aide pour la réalisation de cette page

Bibliographie

Jean et Pierre Ravier : 60 Ans de pyrénéisme

Frères jumeaux nés en 1933, Jean et Pierre Ravier forment la cordée emblématique du pyrénéisme du vingtième siècle. Autodidactes à l’apprentissage fulgurant, ils ont ouvert les voies d’escalade les plus célèbres des grands massifs pyrénéens, du Dièdre Nord-Est de la Grande Aiguille d’Ansabère au Dièdre Jaune de la Face Nord du Vignemale, du Pilier de l’Embarradère de l’Ossau à la Face Sud du Tozal del Mallo en Aragon.
Autant de « premières » parmi plusieurs centaines, essaimées sur tous les massifs, même les plus perdus, des Pyrénées françaises et espagnoles. Absence totale d’entraînement, mépris de l’équipement, refus des modes : le génie des frères Ravier réside dans une conception très personnelle de la montagne, basée avant tout sur l’amitié. Ce ne sont pas des alpinistes, mais bien des pyrénéistes, attachés à l’histoire du pyrénéisme. Pour faire écho aux grands explorateurs des Pyrénées, Louis Ramond de Carbonnières, Henry Russell, Franz Schrader, Jean Arlaud, Robert 0llivier et tant d’autres, ils ont toujours pris soin de prolonger leur voies d’escalade par l’écriture et la photographie. Cette mémoire de soixante ans aux Pyrénées est rassemblée ici pour la première fois. Encordons-nous avec Pierre et Jean qui ouvrent une nouvelle voie, dans leur propre mémoire, accompagnés du regretté Rainier Munsch, Bunny, qui met en perspective les grandes voies Ravier et de Jean-François Labourie qui retrace la biographie des jumeaux, dont la vie, qui a le charme d’une épopée, est vouée à l’amour pur des Pyrénées…

 

Apostilles à l’ouvrage Jean & Pierre Ravier : 60 ans de pyrénéisme de Pierre Ravier

Six années ont passé depuis la parution de l’ouvrage, co-écrit par Jean-François Labourie et Rainier Munsch, consacré à la carrière pyrénéiste de Jean et Pierre Ravier.
Pierre, de sa propre initiative et de sa plume personnelle cette fois, revient, pour le plus grand plaisir des passionnés de pyrénéisme et d’escalade, sur les photographies qui, extraites de leurs archives personnelles, illustrent la monographie de 2006. Ces apostilles livrent nombre de réflexions, de considérations – pour ne pas dire de révélations – et apportent un éclairage inédit et personnel. Ce dernier touche à la culture du pyrénéisme dans sa globalité en même temps qu’il révèle la qualité et la force d’une liaison partagée avec son frère Jean pour la montagne pyrénéenne.
L’auteur a saisi l’opportunité de cette édition pour livrer aux lecteurs l’index des noms de lieux et de personnes de la monographie de 2006 et de ses apostilles.