Robert Ollivier

Robert Ollivier, le grimpeur de l’Ossau
Robert Ollivier

Robert Ollivier naît à Pau le 30 Mai 1911. Son père, Joseph Jean Marie Ollivier, est capitaine dans l’armée. Affecté au 18° RI, seul le hasard des garnisons fait de Robert un palois d’origine. Il n’a que très peu vu son père, car celui-ci disparaît très vite dès le début de la guerre de 14, laissant seuls sa femme et ce jeune bébé de trois ans. Tous deux habitent au 12 de la rue d’ Etigny, où sa mère vient de louer un appartement.

Arrive le temps de l’adolescence. Robert Ollivier est alors pensionnaire au lycée de l’Immaculée conception à Pau. Vers l’âge de 14 ans, arrive au collège un nouveau professeur d’éducation physique, le capitaine des pompiers, Mr Péguilhan. Il leur enseigne le rugby, la boxe française, la natation, les altères et les agrées (qui développent les qualités athlétiques de Robert, nécessaires dans la pratique de l’escalade). Le sport lui donne alors de l’assurance, il devient bon élève et se construit physiquement.

Un événement majeur arrive alors dans sa vie: sa mère parvient enfin à lui offrir un vélo. Il commence alors à s’émanciper en compagnie des camarades de l’Immaculée Conception. Les jours de repos, ils partent faire de longues randonnées de vélo, et se baigner dans le Gave, découvrant ainsi les joies de la nature.

Il a maintenant seize ans en ce début d’été 1927. Il est en pleine épreuve du Bac. Les élèves viennent de subir les épreuves écrites et attendent l’oral qui arrive dans quelques jours.

Nous sommes le 03 juillet 1927 et cette journée est à l’origine de sa vocation montagnarde.

Avec un camarade de l’Immaculé, Bourdet, ils partent de Pau en vélo, un dimanche vers 13 heures et empruntant la vallée de Ferrières, rejoignent son dernier village Arbéost. Ils veulent voir le col d’Aubisque, déjà rendu célèbre par le tour de France. Mais à l’époque il n’y a pas de route pour gagner le col d’Aubisque depuis Arbéost. Pourtant ils veulent réussir, et chargeant leur vélo de quinze kilos sur le dos, ils entreprennent une montée longue et pénible de 1260 mètres de dénivelé sur les pentes d’herbes raides du col. Après une éprouvante montée, ils arrivent au col vers 21 h. La vision du cirque de Gourette sous le clair de Lune, qui bien des années après laissera à Robert un souvenir impérissable, est le fait déclencheur de sa passion montagnarde. Ils restent là, tout les deux de longues minutes, puis se décident à descendre sur le versant de Gourette. Ils s’ arrêtent à l’Auberge du Lhey chez la mère Catherine, que Robert connaîtra plus tard, qui leur fait crédit pour passer la nuit. Les deux garçons reprennent leur chemin le lendemain matin en direction de Pau. A leur retour, les parents qui avaient eut tellement peur, ne leur font aucunes réprimandes, pas plus que le préfet de discipline de l’Immaculé qui semblant apprécier l’exploit particulier de ses deux jeunes élèves se contente de leur dire: « … et maintenant au travail pour l’oral !! »

Le bac latin-grec en poche, il part au prytanée militaire de La Flèche pour tenter de devenir officier mais il échoue et revient à Pau, à l’Immaculé ou il passe un second Bac de Philo, qu’il réussit également.
En septembre 1928 il part en Fac de droit à Paris, sans réelles motivations, en pension chez son grand-père maternel. La vie de la capitale lui déplaît. Il a déjà le goût des lettres et passe son temps à lire les ouvrages du Comte Russell en pensant avec nostalgie à ses Pyrénées. Il échoue également et le voici de retour en Béarn

Dès lors, il n’a de cesse que de vouloir apprendre rapidement la pratique de la montagne. Il sort souvent seul, ou avec des amis Palois. La réussite de quelques sommets prestigieux par leurs voies normales enhardissent ces jeunes hommes et ils deviennent rapidement de bons montagnards. Mais il leur en faut plus et leurs yeux se tournent maintenant vers les grandes parois prestigieuses. Ils commencent à enchaîner quelques voies connues et même s’attaquent à des voies difficiles ayant repoussé leurs glorieux aînés. C’est ainsi que Robert et ses amis réalisent un nombre impressionnant de premières.

Le 06 juin 1927, lors de la tentative de la seconde ascension du couloir de Gaube, Jean Arlaud et Charles Laffont, doivent faire demi tour. Seul François Cazalet pense qu’il sera un jour possible de rééditer l’exploit de Célestin Passet, Henri Brulle et leurs compagnons du 06 août 1889.

François Cazalet, Henri Lamathe, Jean Senmartin et Robert Ollivier, créent le 10 juillet 1933, dans un bistrot Lourdais le GPHM (Groupe Pyrénéiste de Haute Montagne).

Ils partent à Gavarnie et réalisent la première de la face Sud du pic Bazillac. Mais ils sont distancé dans la course au couloir par Henri Barrio, J.Aussat et J.Loustaunau le 13 juillet 1933.
Le 15 juillet ils réussissent la troisième ascension du couloir de Gaube.

" Haute Montagne Pyrénéenne" (guide des ascensions difficiles aux Pyrénées)

En 1937 parait le premier guide de Robert Ollivier « Haute Montagne Pyrénéenne » (guide des ascensions difficiles aux Pyrénées) en collaboration avec Henry Le Breton, et avec l’aide des membres du GPHM. La générosité d’Henri Brulle et Frédéric Lung rend possible l’édition et le tirage à mille exemplaires. Ce premier guide est préfacé par Louis Le Bondidier alors président d’honneur du GPHM et conservateur du musée Pyrénéen de Lourdes.

Il est titulaire de l’ancienne médaille d’or de l’éducation physique. Il est également bon skieur et se distingue en devenant deux fois champion des Pyrénées, et en se qualifiant sept fois pour les championnats de France à Chamonix.

Robert Ollivier est avec ses amis Cazalet et Mailly, l’un des trois premiers guides Français diplômé d’ état en 1938.

Mais la guerre vient les arracher à la suite de leurs conquêtes pyrénéennes et ils doivent s’éloigner des parois momentanément. Robert doit partir dans les Alpes sur le front Italien.
De retour à Pau, pendant l’occupation, il forme 250 jeunes montagnards avec Jeunesse et Montagne, puis il crée les premiers centres de l’Union Nationale des Camps de Montagne à Cauterets, Barèges et Gavarnie.

Il prend également des responsabilités administratives: il fait partie du comité qui crée l’ École Nationale de Ski et d’Alpinisme à Chamonix en 1943 et est secrétaire de la FFM en 1945. Il est à la tête du GPHM de 1940 à 1950.

Robert Ollivier

Parallèlement à son activité de guide et de moniteur de ski, il aime écrire. Après son premier guide et quelques écrits dans les revues montagnardes de l’époque (Bulletin Pyrénéen, La montagne, Altitude…), en 1948, il publie « Le pic du Midi d’Ossau » ouvrage qui relate la conquête de cette montagne et quelques récits de premières.
La même année il écrit dans la revue Altitude: « Escalade artificielle et sentiment montagnard » un des meilleurs articles parus sur le Pyrénéisme. Il préface des ouvrages d’autres montagnards-écrivains, notamment « Heures Pyrénéennes » de Maurice Jeannel.

Puis durant les années 60, aidé par les grands grimpeurs de sa génération, les guides se succèdent. Il est auteur éditeur. Il devient rapidement la référence du genre, à l’identique de Joseph Vallot pour les Alpes. Il œuvre toute sa vie pour améliorer et actualiser ses guides.
Il en publie une cinquantaine. A la demande de la FFME, il écrit et publie les itinéraires skieurs. Il est sollicité par le CAF du Sud Ouest pour le centenaire de la section, pour relater 100 ans de conquêtes Pyrénéistes, ce qu’il fit avec brio dans le livre : « Pyrénées 1876-1976: Les grandes heures du Pyrénéisme ».

Les premières de Robert Ollivier

09 sept 1931 Première traversée Ouest-Est de l’ Arête de Costerillou (Voie Ollivier) (F.Cazalet, R.Ollivier)
08 sept 1932 Première de « La canine » de « La corne nord » et première traversée intégrale de la Crête du diable du Nord au Sud (H.Le Breton, B.Sanchette, R.Ollivier)
05 juin 1933 Première face Nord du pic Lézat (3107 m) (F.Cazalet, R.Ollivier)
12 juillet 1933 Première de la face Sud du pic Bazillac (2972 m) (F.Cazalet, H.Le Breton, R.Ollivier)
30 juillet 1933 Première face Est et fissure Sud de la Pointe d’ Aragon (2715 m) depuis la brèche J.Santé. Première de la voie des vires à la pointe J.Santé (2506 m) (M.Cames, F.Cazalet, A.Chicher, R.Ollivier)
07 août 1933 Première éperon Nord du pic des Gourgs Blancs (3129 m) (T.Cabuzet, R.Ollivier)
25 août 1933 Première de la descente des gorges d’Holçarté-Olhadubi (R.Mailly, F.Cazalet, H.Dubosc,R.Ollivier)
03 sept 1933 Première face Nord directe du Pic Long (3192 m) (R.Mailly, R.Ollivier)
27 sept 1933 Première Pic Rouge de Pailla (2780 m) par l’Ouest (F.Cazalet, H.Le Breton, R.Ollivier)
03 juillet 1934 Première Face Ouest du Petit Pic du Midi d’ Ossau (2807 m) ( F.Cazalet, R.Mailly, R.Ollivier)
26 aout1934 Première traversée de la brèche du Trident Sud (Balaïtous) (A.Bacelon, R.Mailly, R.Ollivier)
23 sept 1934 Première de la Muraille de Pombie par la fissure Ollivier  (R.Cazabonne, R.Mailly, R.Ollivier, J.Santé)
27 sept 1934 Première traversée de la crête entre le Pic du lac noir (2807) et le pic de Cestréde (2947 m) (M.T.Cabanne, H.Wild, R.Ollivier)
25 oct 1934 Variante directe de la Voie Brulle à la face Nord du Pic central de la Cascade (3106 m) ( M.Grosjean, R.Ollivier)
07 juillet 1935 Variante face Nord de la Pique Longue (3298 m) (J.Arruyer, B.Fauqué, R.Ollivier)
11 août 1935 Première de l’arête des Flammes de pierre au Petit pic d’Ossau (2807 m) (R.Mailly, R.Ollivier)
23 juin 1935 Première arête Nord Ouest du Turon de Ger (2533 m) (M.T.Cabanne, R.Ollivier)
30 août 1935 Première face Nord Ouest du Petit Pic d’Ossau (2807) (R.Mailly, R.Ollivier)
26 juillet 1936 Première au Casque du Marboré (3006 m) par le ressaut de base (R.Chevallier, F.Cazalet, C.Laffont, J.Santé, R.Ollivier)
09 août 1936 Première face Nord du Turon de Ger (2533 m) (C.Laffont, R.Ollivier)
30 août 1936 Première face Ouest Nord Ouest du Grand pic d’Ossau (2884 m) et de la Fourche (J.Arruyer, R.Chevalier, C.Laffont, R.Ollivier)
06 sept 1936 Première du grand dièdre du deuxième étage du cirque de Gavarnie (C.Fazeuilles, J.Ladeban, C.Laffont, R.Ollivier)
10 sept 1936 Première Face Nord Est du Petit pic d’Ossau (2807) (R.Mailly, R.Ollivier)
13 sept 1936 Première Face Nord de l’ Aiguille des glaciers (2933 m) (A Pracherstorfer, R.Ollivier)
21 sept 1936 Première Face Sud du pic des Aiguillous (2976 m) (J.Arruyer, H.Barrio, R.Ollivier)
04 oct 1936 Première de l’arête orientale du pic d’ Amoulat (2594 m) (G et J.Arruyer, F.Cazalet, R.Ollivier)
24 août 1937 Première arête Sud Est du pic des Spijeoles (3066 m) (M.T.Cabanne, T.Cabuzet, R.Ollivier)
25 août 1937 Première de « La corne nord » (Crête du diable) par le Sud et première traversée intégrale de la crête du diable du Sud au Nord (M.T.Cabanne, T.Cabuzet, M.Jeannel, R.Ollivier)
14 juillet 1938 Première Face Sud Est du Grand Pic du Midi d’Ossau (2884 m) (R.Mailly, R.Ollivier)
24 juillet 1938 Première de l’éperon Nord Ouest de la Pointe de France (R.Mailly, R.Ollivier)
30 août 1940 Première traversée des Crêtes d’ Eras Mounyolles au Pic de Maleshores (2692 m) (R.Mailly, R.Ollivier)
25 juin 1942 Première de l’arête Nord Est de la Punta del Forcarral (2717 m) (J.M Cazeaux, H.Delpeut, A.Gabolde, J.Labedan, M.Jeannel, R.Ollivier)
04 sept 1944 Première de l’arête Nord Est du sommet Nord de Penemedaa (2463 m) (J.Mole, R.Ollivier)
12 juillet 1945 Première de la voie de la diagonale à la Pointe de Chaussenque (3204 m) (A.Dumont, P.Marchant, R.Ollivier, L.Thiard)
06 sept 1945 Première de l’arceau renversé sur la paroi de la grande cascade, et première de la crête des druides (P.Marchant, R.Ollivier)
1945 Première à la face Nord du Petit Astazou (3012 m)
23 août 1946 Première éperon Nord Ouest de l’ Aiguille des glaciers (2933 m) (G.Chabanneau, R.Ollivier)
15 sept 1946 Première face Sud Est (Voie Augerot-Ollivier) au Balaïtous (3144 m) (Anouil, Favre, Augerot, Ollivier)
oct 1946 Première du Doigt de Pombie (2446 m) par la voie du couloir de la brèche (Y.Cabanne, R.Ollivier)
19 sept 1948 Première de l’arête Ouest du pic d’Amoulat (2594 m) (P.Daudu, J.Mole, R.Ollivier)
1950 Première arête Ouest Nord Ouest Pic Pallas (2974 m) (F.Duprat, P.Daudu, J.Mole, R.Ollivier)
23 août 1953 Première face Sud Est pic des Aiguillous (2976 m) (P.Daudu, R.Ollivier)
sept 1956 Première face Nord Est du Salon de Ger (2580 m) (P.Béraud, P.Daudu, C.Dufourmantelle, J.Soubis, R.Ollivier)
Juillet 1957 Première variante de la Face Nord du Grand pic du midi d’Ossau (2884 m) par le rein de Pombie (P.Daudu, B.Portet, G.Santamaria, R.Ollivier)
01 dec 1957 Première contrefort Oriental du Grand pic d’Ossau (2884 m) (P.Daudu, J.Fayet, J.Ravier, R.Ollivier)
1961 Première face Nord Ouest (façade de Batcrabére) au Balaïtous (3144 m) (J.Soubis, R.Ollivier)

Quelques ouvrages de Robert Ollivier

Pyrénées centrales  Tome 1: Cauterets, Marcadau, Vignemale
Pyrénées centrales  Tome 2: Gavarnie, Mont-Perdu, Ordesa
Pyrénées centrales Tome 3: Luz, Barèges, La Mongie Payolle, Bagnères-de-Bigorre, Gèdre, Saint-Lary
Pyrénées Centrales Tome 4: Néouvielle, Pic-Long, Estaubé, Troumouse, Barroude
Pyrénées centrales Tome 5: randos vallées d’Aure et de Luchon
Pyrénées centrales Tome 6:  Escalades en vallées d’Aure et de Luchon
Pyrénées centrales Tome 7: Posets, Maladeta
Pyrénées centrales Tome 8: Pallars – Aran
Pyrénées occidentales Tome 1 : Vallée d’Aspe et versant espagnol
Pyrénées occidentales Tome 2 : Vallée d’Ossau d’Arudy à la frontière espagnole
Pyrénées occidentales Tome 3 : De la Vallée d’Ossau au Val d’Azun, Les Avant-Monts, Le Massif Calcaire des Eaux-Bonnes
Pyrénées occidentales Tome 4 : Du Ger au Balaïtous, Le Massif du Balaïtous
Randonnées et ascensions choisies dans le Parc National des Pyrénées Occidentales et ses environs, tome 1 : Vallées d’Aspe, d’Ossau et d’Azun
 
Randonnées et ascensions choisies dans le Parc National des Pyrénées Occidentales et ses environs, Tome 2: Cauterets, Gavarnie, Néouvielle
Répertoire général des guides Ollivier. Index itinéraires pyrénéistes
Le Pic d’Ossau
Les Grandes heures du pyrénéisme
Le Pic d’Ossau : Monographie, impressions et récits.
   

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