Tour de France 1913
Le forgeron de Sainte-Marie-de-Campan
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Tour de France 1913
Le forgeron de Sainte-Marie-de-Campan
Le 9 juillet 1913, lors de la sixième étape du Tour de France, les coureurs s’élancent de Bayonne pour rallier Bagnères-de-Luchon, sur un parcours de 326 kilomètres jalonné des cols de l’Aubisque, du Tourmalet, d’Aspin et de Peyresourde. Au départ, le Belge Odiel Defraye mène le classement général, suivi de près par Eugène Christophe à 5 minutes, Marcel Buysse à 10 minutes et Philippe Thys à 23 minutes.
Dès les premières ascensions, Eugène Christophe se distingue en franchissant en tête le col de l’Aubisque, talonné par Philippe Thys. Dans la montée du Tourmalet, Thys prend l’avantage et passe le sommet en premier. Cependant, dans la descente vers Sainte-Marie-de-Campan, Christophe est percuté par une voiture suiveuse, brisant la fourche de son vélo. Conformément au règlement de l’époque, interdisant toute assistance extérieure, il est contraint de porter son vélo sur l’épaule sur 14 kilomètres jusqu’à Sainte-Marie-de-Campan.
Arrivé au village, Christophe trouve une forge et entreprend lui-même la réparation de sa fourche, sous la surveillance d’un commissaire de course. Il chauffe et brase une barre de fer qu’il insère dans le pivot de direction, puis fixe l’ensemble à l’aide de goupilles. L’opération dure près de quatre heures. À un moment, un officiel demande la permission de s’absenter pour manger, ce à quoi Christophe répond : « Si vous avez faim, mangez du charbon… Je suis votre prisonnier, et vous resterez mes geôliers ! »
Malgré sa détermination, Christophe termine l’étape avec un retard de 3 heures et 50 minutes sur le vainqueur, Philippe Thys, qui prend la tête du classement général. Christophe, quant à lui, termine finalement septième du Tour, à plus de 14 heures du vainqueur.
Cet épisode héroïque vaut à Christophe une reconnaissance éternelle. Une plaque commémorative est apposée sur la forge de Sainte-Marie-de-Campan, rappelant cet acte de courage et de persévérance. Bien qu’il n’ait jamais remporté le Tour, Eugène Christophe reste une figure emblématique de la Grande Boucle, notamment pour avoir été le premier coureur à porter le maillot jaune en 1919.
De 1906 à 1925, Eugène Christophe participe à onze éditions du Tour de France. S’il ne remporte jamais la Grande Boucle, il reste à jamais dans l’histoire comme l’un de ses plus grands symboles de courage et de persévérance.
Le 19 juillet 1919, à Grenoble, il entre dans la légende en devenant le tout premier coureur à porter le maillot jaune, nouvellement créé pour distinguer le leader du classement général. À ce moment-là, il domine le Tour et semble en route vers la victoire finale. Mais le destin en décide autrement. Dans l’avant-dernière étape, entre Metz et Dunkerque, sa fourche casse une nouvelle fois à proximité de Valenciennes, alors qu’il possède 28 minutes d’avance sur son poursuivant, le Wallon Firmin Lambot. Fidèle au règlement de l’époque, il répare seul son vélo dans une forge locale. Il repart après plus de deux heures et demie de retard, perdant son avance et laissant filer la victoire à Lambot.
L’histoire se répète tragiquement en 1922. Lors de l’étape Briançon — Genève, Eugène Christophe passe en tête au col du Galibier, en position idéale pour reprendre le maillot jaune. Mais une nouvelle fois, sa fourche casse dans la descente. Il répare encore une fois lui-même, mais ses espoirs de victoire s’envolent une nouvelle fois. Il terminera le Tour à la 7e place.
Eugène Christophe n’a jamais gagné le Tour, mais il en incarne l’esprit : celui de l’abnégation, du dépassement de soi et de la fidélité à la règle, même dans la souffrance. Il est encore aujourd’hui considéré comme l’un des coureurs les plus respectés de l’histoire du cyclisme.
Eugène Christophe
Bibliographie
Christian Laborde
Échappées belles sur le Tour de France dans les Pyrénées
Enfin, un livre de photos consacré au Tour de France dans les Pyrénées ! Marie-Blanque, Aubisque, Soulor, Tourmalet, Aspin, Peyresourde…, des lieux, des noms de cols connus par tous les amoureux du vélo de France et d’ailleurs, tous sont liés aux exploits des cyclistes de la Grande Boucle. Chaque année en juillet, qu’il fasse grand soleil, qu’il pleuve ou qu’un brouillard tenace enveloppe la montagne, ils sont des centaines de milliers de passionnés ou de simples curieux à passer une journée en plein air, à attendre des heures durant le passage du Tour de France. Après la caravane, place aux héros de légende… place aux Géants du Tour de France !
Pierre Carrey
Légendes du Tour de France
100 ans de Pyrénées
1910-2010 : cent ans d’exploits, de bonheurs ou de drames. Pendant un siècle, les forçats de la route ont fait des Pyrénées un haut lieu du Tour de France, un magnifique terrain de jeu où les plus grands ont forgé leur légende. Le premier fut Octave Lapize, le vainqueur de la toute première étape.
Passionné de cyclisme, Pyrénéen, le journaliste Pierre Carrey a enquêté pendant près de deux ans pour nous raconter la véritable histoire du Tour sur les pentes du Tourmalet, de l’Aubisque ou de l’Aspin. Il a consulté 2 500 articles et interviewé coureurs ou descendants de champions pour rétablir certaines vérités et nous dévoiler des anecdotes incroyables et inédites.
Année par année, il nous narre une histoire originale, tantôt drôle, tantôt dramatique. Lapize, Fontan, Vietto, Bartali, Anquetil, Merckx, Thévenet, Ocana, Hinault, Jalabert et de nombreux oubliés de la Grande Boucle sont montrés sous un jour nouveau. Pour éclairer ses propos, l’auteur nous présente également les classements de toutes les étapes pyrénéennes avec le nom de tous les champions qui sont passés au sommet de chaque col.
Dominique Kérébel
Le tour de France et les Pyrénées
Créé en 1903, sous la forme de grandes courses à étapes, le Tour de France va prendre une nouvelle dimension sept ans plus tard : Alphonse Steines, journaliste et âme damnée d’Henri Desgrange, décide de durcir l’épreuve en lui faisant prendre de l’altitude. En 1910, le Tour se heurte aux routes des Pyrénées, qui ne sont alors que des sentiers à vaches que les coureurs appellent » le cercle de la mort « . Et c’est ainsi que depuis un siècle, la Grande Boucle, devenue l’incontournable rendez-vous de juillet, fait d’exploits et de larmes, franchit, dans un sens comme dans l’autre, le Tourmalet, l’Aubisque, Aspin ou Peyresourde, dans un premier temps, puis Portet d’Aspet, Luz-Ardiden, Pla d’adet… ou encore les cols du pays basque. Cols mythiques qui sont devenus des lieux de légendes et de tragédies. D’Octave Lapize, le vainqueur de l’édition 1910, jusqu’au dernier lauréat, A. Contador, l’auteur retrace, aux travers d’anecdotes et de témoignages, l’épopée des forçats de la route, magnifiquement illustrée par de nombreuses photos, inédites pour la plupart.
L’histoire officielle du Tour de France
L’Histoire officielle du Tour de France raconte l’épopée centenaire du Tour, de la première course sensationnelle de 1903 jusqu’à nos jours, en passant par l’âge d’or des grands champions. Richement illustré de centaines de photographies
autour des grands moments et des coureurs emblématiques, ce récit nous emmène sur les traces de La Grande Boucle et ses 21 étapes.
Revivez les réussites épiques des légendes du Tour, d’Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain à Chris Froome, Mark Cavendish et aujourd’hui Jonas Vingegaard ou Julian Alaphilippe. Aux côtés des meilleurs cyclistes de la planète,
plongez dans le sillage des équipes mythiques du Tour, confrontées aux étapes contre-la-montre, en ligne ou de montagne (Alpes et Pyrénées) jusqu’aux Champs-Élysées.
Entre traditions et innovations, (re)découvrez les évolutions de l’une des épreuves sportives les plus suivies au monde. Les documents d’archives, maillots, anecdotes historiques ou encore résultats et statistiques détaillés de chaque année du Tour, ici rassemblés, raviront tous les fans de cyclisme.
