Tour de France 1934
Le sacrifice de René Vietto
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Tour de France 1934
Le sacrifice de René Vietto
En 1934, René Vietto, jeune grimpeur cannois de seulement 20 ans, participe à son premier Tour de France. Il intègre l’équipe de France en tant qu’équipier, avec pour mission de soutenir le leader Antonin Magne, déjà vainqueur du Tour en 1931.
Dès les étapes alpines, Vietto fait sensation. Il révèle des qualités d’escaladeur hors du commun en remportant deux étapes de montagne consécutives, s’attirant l’admiration du public et des suiveurs. À Cannes, chez lui, il gagne encore une étape dans un délire populaire. La presse le surnomme alors « le Roi René », tant son panache séduit les foules.
Le 17 juillet, au départ de la 15ᵉ étape, entre Perpignan et Ax-les-Thermes (158 km), Magne porte le maillot jaune, mais ne compte que deux minutes d’avance sur son principal rival, l’Italien Giuseppe Martano. Dans les ascensions de Mont-Louis et du col de Puymorens, Magne attaque. Dans la descente, il chute et casse sa roue avant. Sans hésiter, Vietto, qui l’accompagne, sacrifie sa propre roue pour permettre à son leader de repartir. Magne, lancé à pleine vitesse, limite les dégâts et ne concède que 45 secondes à Martano à l’arrivée, où Roger Lapébie s’impose.
Le lendemain, lors de la 16e étape entre Ax-les-Thermes et Luchon (165 km), la tragédie se répète. Dans la descente du Portet d’Aspet, Magne chute à nouveau. Vietto, parti devant, fait demi-tour en apprenant la nouvelle, lui donne son propre vélo et repart à pied. Sur le bord de la route, en larmes, il devient malgré lui le symbole du dévouement absolu. Une photographie de lui pleurant à chaudes larmes circulera dans toute la presse française, élevant le jeune coureur au rang de héros national.
Grâce à l’abnégation de Vietto, Antonin Magne remporte son deuxième Tour de France, devant Martano et Lapébie. Vietto, quant à lui, ne montera jamais sur la plus haute marche du podium, mais il entrera dans la légende du Tour comme l’un des plus grands serviteurs de l’histoire de la course.
« Cela se passait dans une petite descente après le Portet d’Aspet. En voulant démarrer et rejoindre Gissels et Martano qui étaient devant, ma roue arrière s’est bloquée, ma chaîne était enroulée autour de mon pédalier, je ne pouvais plus réparer. Tous mes camarades étaient devant, la camionnette était loin derrière et, pendant quelques secondes, j’ai bien cru que tout était fini. Je désespérais, lorsque surgissait tout à coup, dans un virage plus bas, René Vietto qui grimpait à toute allure. Il avait fait demi-tour et il venait m’apporter sa bicyclette. Aussitôt, j’enfourchais celle-ci et je retrouvais quelques mètres plus loin Roger Lapébie qui nous attendait. C’est lui qui mena constamment jusqu’au sommet du col des Ares. Je ne l’avais jamais vu si bien monter. Dans la descente, il continuait à mener et je ne sais à qui je dois le plus aujourd’hui de Vietto ou Lapébie. »
Antonin Magne
René Vietto termine 5ᵉ du classement général et remporte le premier classement de la montagne en 1934.
Il s’impose notamment aux cols de l’Aubisque et du Tourmalet, confirmant ses qualités de grimpeur exceptionnelles.
René Vietto
Né le 17 février 1914 à Rocheville, près de Cannes, René Vietto est l’un des grimpeurs les plus populaires de l’histoire du cyclisme français. Doté d’un gabarit léger (1,68 m pour 58 kg) et d’un tempérament généreux, il se distingue par ses qualités d’escaladeur exceptionnelles et son abnégation légendaire.
Il débute sa carrière professionnelle en 1931, mais c’est en 1934, à 20 ans seulement, qu’il entre dans la légende lors de son premier Tour de France. Malgré sa jeunesse, il sacrifie à deux reprises ses chances personnelles pour sauver les espoirs de victoire de son leader Antonin Magne. Ce double acte d’héroïsme, dans les Pyrénées, fait de lui une icône nationale.
Il participera à sept Tours de France entre 1934 et 1951, remportant six étapes et portant le maillot jaune durant 15 jours en 1939, année où il termine 2e du classement général, son meilleur résultat.
Jamais vainqueur du Tour, Vietto restera pourtant dans les mémoires comme l’un des plus grands « seconds rôles » de la Grande Boucle, adoré du public pour son panache et sa loyauté.
Il meurt le 14 octobre 1988 à Cannes, dans l’indifférence des instances officielles, mais pas du cœur des passionnés.
Bibliographie
Christian Laborde
Échappées belles sur le Tour de France dans les Pyrénées
Enfin, un livre de photos consacré au Tour de France dans les Pyrénées ! Marie-Blanque, Aubisque, Soulor, Tourmalet, Aspin, Peyresourde…, des lieux, des noms de cols connus par tous les amoureux du vélo de France et d’ailleurs, tous sont liés aux exploits des cyclistes de la Grande Boucle. Chaque année en juillet, qu’il fasse grand soleil, qu’il pleuve ou qu’un brouillard tenace enveloppe la montagne, ils sont des centaines de milliers de passionnés ou de simples curieux à passer une journée en plein air, à attendre des heures durant le passage du Tour de France. Après la caravane, place aux héros de légende… place aux Géants du Tour de France !
Pierre Carrey
Légendes du Tour de France
100 ans de Pyrénées
1910-2010 : cent ans d’exploits, de bonheurs ou de drames. Pendant un siècle, les forçats de la route ont fait des Pyrénées un haut lieu du Tour de France, un magnifique terrain de jeu où les plus grands ont forgé leur légende. Le premier fut Octave Lapize, le vainqueur de la toute première étape.
Passionné de cyclisme, Pyrénéen, le journaliste Pierre Carrey a enquêté pendant près de deux ans pour nous raconter la véritable histoire du Tour sur les pentes du Tourmalet, de l’Aubisque ou de l’Aspin. Il a consulté 2 500 articles et interviewé coureurs ou descendants de champions pour rétablir certaines vérités et nous dévoiler des anecdotes incroyables et inédites.
Année par année, il nous narre une histoire originale, tantôt drôle, tantôt dramatique. Lapize, Fontan, Vietto, Bartali, Anquetil, Merckx, Thévenet, Ocana, Hinault, Jalabert et de nombreux oubliés de la Grande Boucle sont montrés sous un jour nouveau. Pour éclairer ses propos, l’auteur nous présente également les classements de toutes les étapes pyrénéennes avec le nom de tous les champions qui sont passés au sommet de chaque col.
Dominique Kérébel
Le tour de France et les Pyrénées
Créé en 1903, sous la forme de grandes courses à étapes, le Tour de France va prendre une nouvelle dimension sept ans plus tard : Alphonse Steines, journaliste et âme damnée d’Henri Desgrange, décide de durcir l’épreuve en lui faisant prendre de l’altitude. En 1910, le Tour se heurte aux routes des Pyrénées, qui ne sont alors que des sentiers à vaches que les coureurs appellent » le cercle de la mort « . Et c’est ainsi que depuis un siècle, la Grande Boucle, devenue l’incontournable rendez-vous de juillet, fait d’exploits et de larmes, franchit, dans un sens comme dans l’autre, le Tourmalet, l’Aubisque, Aspin ou Peyresourde, dans un premier temps, puis Portet d’Aspet, Luz-Ardiden, Pla d’adet… ou encore les cols du pays basque. Cols mythiques qui sont devenus des lieux de légendes et de tragédies. D’Octave Lapize, le vainqueur de l’édition 1910, jusqu’au dernier lauréat, A. Contador, l’auteur retrace, aux travers d’anecdotes et de témoignages, l’épopée des forçats de la route, magnifiquement illustrée par de nombreuses photos, inédites pour la plupart.
L’histoire officielle du Tour de France
L’Histoire officielle du Tour de France raconte l’épopée centenaire du Tour, de la première course sensationnelle de 1903 jusqu’à nos jours, en passant par l’âge d’or des grands champions. Richement illustré de centaines de photographies
autour des grands moments et des coureurs emblématiques, ce récit nous emmène sur les traces de La Grande Boucle et ses 21 étapes.
Revivez les réussites épiques des légendes du Tour, d’Eddy Merckx, Bernard Hinault et Miguel Indurain à Chris Froome, Mark Cavendish et aujourd’hui Jonas Vingegaard ou Julian Alaphilippe. Aux côtés des meilleurs cyclistes de la planète,
plongez dans le sillage des équipes mythiques du Tour, confrontées aux étapes contre-la-montre, en ligne ou de montagne (Alpes et Pyrénées) jusqu’aux Champs-Élysées.
Entre traditions et innovations, (re)découvrez les évolutions de l’une des épreuves sportives les plus suivies au monde. Les documents d’archives, maillots, anecdotes historiques ou encore résultats et statistiques détaillés de chaque année du Tour, ici rassemblés, raviront tous les fans de cyclisme.





